[OUEST-FRANCE] Vents contraires sur la Bretagne Romantique

Article issu du Ouest-France du 26 septembre 2015.

Deux éoliennes à Pleugueneuc, deux à Meillac, c'est le projet défendu par KDE (photo du haut) et dénoncé par des habitants, dont Olivier de Lorgeril, propriétaire du zoo de La Bourbansais (à droite, au centre de la photo).
Deux éoliennes à Pleugueneuc, deux à Meillac, c’est le projet défendu par KDE (photo du haut) et dénoncé par des habitants, dont Olivier de Lorgeril, propriétaire du zoo de La Bourbansais (à droite, au centre de la photo).

Depuis hier, KDE energy présente son projet de parc éolien aux habitants de Meillac et Pleugueneuc. L’implantation près du château de La Bourbansais ne fait pas l’unanimité.

La polémique

« La démocratie, c’est la majorité pas l’unanimité », résume Loïc Régeard, le maire de Pleugueneuc. L’élu soutient la création d’un parc éolien, depuis le début du projet en 2008. « Je comprends les interrogations des habitants, mais si les services de l’État confirment que c’est faisable, on suivra cet avis. »

Georges Dumas, le maire de Meillac, partage cette position. « Je suis responsable et raisonnable. Les énergies renouvelables, on ne peut pas être contre. »

Près de 2 000 pétitionnaires

Hier, la société KDE energy est allée à la rencontre des habitants de Meillac. Elle est toute la matinée aujourd’hui à Pleugueneuc. Ce sont les deux communes retenues pour l’implantation. « On vient montrer le résultat des différentes études et répondre aux questions », détailleOlivier Coze, responsable du développement Grand Ouest. Études, réflexion, discussion, un périmètre assez large avait été arrêté et validé par la préfecture, en 2012.

Depuis, le lieu exact où se positionneraient les éoliennes a été choisi. Et c’est là que ça coince. « J’ai acheté ma maison il y a deux ans et je découvre ça en 2015 », lâche, effondré, Bertrand Bourgeois. Avec sa femme et son petit garçon, ils seront à 500 mètres du site. « Quelles conséquences sur notre santé ? Quelles nuisances ? Ce sont les constructeurs qui font les études d’impact, elles ne peuvent pas être objectives », tempête le Pleugueneucois.

Avec les voisins, ils viennent de créer une association. Leur pétition a réuni plus de 1 800 signataires dans le département. Olivier de Lorgeril, propriétaire du domaine de La Bourbansais, est également effaré. « J’avais voté, à l’époque, pour une étude de faisabilité sur la Bretagne romantique », rappelle celui qui est aussi conseiller municipal à Pleugueneuc. « Et depuis fin 2014, la zone se resserre pour arriver à 1,4 km du parc. Nous sommes dans un site classé. On ne peut pas changer une fenêtre sans demander à l’architecte des bâtiments de France. Je ne comprends pas. »

Carpaccio d’aigle

« On a fait des simulations, on verra à peine les pales », rassure Michel Suzan, le dirigeant de KDE. « Nous aussi, on va faire des essais et on va les faire constater par huissier, ne démord pas Olivier de Lorgeril. Le carpaccio de rapace, c’est une idée mais j’ai peur que mes aigles ne se reproduisent pas assez vite pour fournir le restaurant. »

Du côté de la communauté de communes, on commence à prendre des pincettes. « On reste d’accord mais on est vigilant », déclare André Lefeuvre, le président de la Bretagne romantique.

« Ce projet ne peut pas remettre en cause l’activité économique du territoire. Si cela nuit à l’attrait touristique et au fonctionnement de La Bourbansais, il faudra que KDE le fasse évoluer. Peut-être vers des éoliennes moins hautes ou un matériel spécial pour les rapaces ? » avance l’élu. Le dossier final devrait être présenté à l’État en janvier. Il faudra un an, environ, aux différents services pour l’étudier. Le préfet décidera ensuite de sa réalisation ou non. « Hors de question ! C’est la justice qui tranchera », prévient Bertrand Bourgeois, qui ne compte pas en rester là.