[OUEST-FRANCE] Des citoyens mobilisés contre treize éoliennes

Article issu du Ouest-France du 31 octobre 2015.

Les responsables du Comité de défense des paysages de Bretagne romantique
Les responsables du Comité de défense des paysages de Bretagne romantique

Déterminés, les anti-éolien ont bien l’intention de faire avorter les projets à l’étude en Bretagne romantique, au nord de Rennes. En passant par les élus ou en se pourvoyant en justice.

 « Ces producteurs d’énergie douce sont des machines violentes, arrogantes, maléfiques. » Par la lecture d’un extrait d’Immortelle randonnée, de Jean-Christophe Rufin, Yves Masse a plongé « dans l’ambiance des éoliennes » la quarantaine de personnes qui assistaient, jeudi soir, à Tinténiac, à la réunion du Comité de défense des paysages de la Bretagne romantique. Un comité composé de deux associations : Stop à l’éolien en Bretagne romantique, emmenée par Yves Masse, et Défense terroir patrimoine Bretagne romantique, par Olivier de Lorgeril.

Une « ambiance » anxiogène, nourrie par l’intervention d’Yves Masse : « Hélas, nous sommes sur le point d’avoir ces monstres à nos côtés. » Ou celle d’Olivier de Lorgeril : « Je préfère parler d’aérogénérateurs industriels plutôt que d’éoliennes. »

Treize sont incriminées, pour trois projets distincts : quatre à Meillac-Pleugueneuc, « entre le bois du Rouvre et le château de la Bourbansais », par KDE Energy France ; quatre à Tinténiac-Dingé, un projet porté par VSB Énergies nouvelles, « en ceinture de la forêt de Talouarn ». Et cinq à Québriac, par Initiatives et énergies locales (IEL), en forêt là aussi. « On y a déjà rasé 50hectares. »

« La Bretagne romantique le sera moins si ces projets aboutissent, insiste Yves Masse.Pourtant, nous ne sommes pas des anti-éolien par principe. Mais le massacre des paysages nous appelle à nous unir contre ces projets. »

Du Mont aux Horizons

« L’éolienne la plus proche du château de la Bourbansais est située à 1 200 m », s’insurge Olivier de Lorgeril, son propriétaire. Hautes de 150 m, « on les verra du Mont-Saint-Michel comme de la tour des Horizons, à Rennes ! » L’on s’émeut encore des incidences sur les rapaces ou les chauves-souris, de « la randonnée équestre qui passe à proximité ». Et l’on pointe du doigt « le jackpot financier des opérateurs, sur le dos des citoyens ».

La dépendance énergétique bretonne ? « On n’importe pas d’électricité, puisque nous sommes alimentés par les autres régions françaises ! Si on va au bout de la logique d’autarcie, on arrête d’exporter porcs et choux-fleurs », ironisent les adhérents. Ils égratignent au passage la communauté de communes de la Bretagne romantique : « Ils ont créé le circuit de randonnée du parc éolien de Tréméheuc. Il fallait oser ! »

Ils fustigent encore le schéma éolien breton – 2 500 éoliennes pour une production de 2 500 MW, soit un dixième de la consommation annuelle d’électricité de la région – annulé le 23 octobre par le tribunal administratif de Rennes. « On pouvait en installer partout sauf dans la baie du Mont-Saint-Michel, s’offusquent les opposants. La décision du tribunal administratif joue en notre faveur, mais elle n’est pas suspensive. Rien sur le fond n’interdit à un promoteur de déposer le projet et de le faire valider par la préfecture. »

Une jeune femme pleure : « Si on a des éoliennes, on vendra la maison à moins 40 % mais pour aller où ? Il y en aura partout »

Les organisateurs rassurent : « Vous pourrez venir à Tinténiac, Québriac, Meillac, Dingé, Pleugueneuc. Il va falloir être force de conviction auprès de nos voisins, nos élus. Et s’il le faut, nous utiliserons toutes les voies de recours légales. Mais ce sera cher, il faudra lever des fonds. »